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Gregory Charles critique durement nos écoles et n'exclut pas la politique

PUBLICATION
Patrick.B
24 avril 2022  (10h43)
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Grégory Charles n'est pas réputé pour avoir la langue dans sa poche et il vient de le démontrer encore récemment, alors qu'il est publiquement sorti pour critiquer très durement le système scolaire québécois.

Celui qui enseigne depuis 35 ans maintenant, dans les écoles et par le truchement de structures comme Star Académie, lance un cri du coeur :

« Je suis désespéré! »

Et ce n'est pas d'hier qu'il est fort préoccupé par la situation dans nos écoles. Gregory Charles rappelle qu'il avait prononcé une conférence dans une école secondaire de Montréal dans les années 1990. Il y avait des champignons dans les conduits d'aération et la directrice confiait que les garçons décrochaient en grand nombre.

« C'était comme dans une scène du film Schindler's List. Lorsque Oskar Schindler regarde sa bague, et se dit qu'en la vendant, il aurait pu sauver plus de monde. Ça m'émeut, car je sais que les bons profs, c'est comme ça qu'ils abordent l'enseignement. Ils se demandent combien de jeunes ils peuvent mettre dans la barque en mouvement », a rappelé Gregory Charles lors d'une entrevue accordée à La Presse.

Cette expérience l'avait convaincu de devenir enseignant en histoire, même s'il n'avait pas de diplôme pour ce faire. Il oeuvrait dans un centre communautaire du quartier Saint-Henri. Il souligne sa réussite par rapport au décrochage des garçons. Aucun jeune qu'il a côtoyé là-bas n'a décroché, dit-il :

« Zéro, comme dans zéro absolu. »

Il ajoute :

« Il y a des éléments que je ne comprends pas dans notre façon de faire. Prends la méthode bibliothéconomique. La programmation de l'enseignement. C'est une antithèse. Aucun enfant que je côtoie ne pense comme ça. Surtout pas les garçons! Ils pensent de façon aléatoire. Désorganisée. Chaotique. Mais il n'y a pas un enfant sain d'esprit qui, lors d'une playdate, dit : "moi, j'ai pensé à mon affaire. À 9 h, on fait ceci. À 9 h 30, on fait cela. Et en passant, il faut absolument se rendre à 150 coups de corde à danser." Voyons donc! On traite l'enseignement comme si c'était un plan d'affaires. »

Gregory Charles est aussi en faveur de séparer les filles et les garçons à l'école :

« Encore là, personne de sain d'esprit ne va te dire qu'à 16 ans, les garçons et les filles ont la même maturité. [] J'ai enseigné aux garçons seulement. Aux filles seulement. Aux deux en même temps. C'est d'ailleurs le cas à Star Académie cette saison. Les différences, je les vois! Je trouve ça horrible, que, pendant des générations, on ait interdit aux filles de s'émanciper. D'aller chercher de l'éducation. C'est horrible, horrible, horrible. Mais je ne peux pas croire que maintenant, reconnaissant cette erreur gigantesque, on se revire de bord et on se dit : "on va se faire un programme d'enseignement [], on va faire ch**r les garçons à fond, et ils vont décrocher". »

Mais comment changer tout cela? Gregory Charles confie qu'il réfléchit de plus en plus à une implication en politique. Pourrait-il se lancer? Voici ce qu'il répond à cette question :

« Ma réponse à ça est toujours weird et ambiguë. Je ne suis pas contre l'idée d'aller en politique. Je ne dis pas cela parce que j'ai l'ambition d'aller en politique. J'ai zéro ambition d'aller en politique. Mais je ne suis pas contre l'idée. Si quelqu'un me disait : "c'est absolument toi que ça prend pour ça", je ne résisterais pas pour des raisons commerciales ou personnelles. »

Source : La Presse

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