Dans la suite, intitulée « Le neuf de retour, prise 2 », le comédien, scénariste et humoriste écrit sur son rôle de papa et sur l'avenir de ses enfants.
« Avril 2022. Il manque des joueurs dans notre ligue de hockey. On me demande si Justin viendrait jouer avec nous. Justin accepte et le voilà en train de jouer contre moi dans une ligue de garage. Assis sur le banc, je suis pris d'une vive émotion en regardant les bonshommes avec qui je joue au hockey depuis une quinzaine d'années s'amuser avec mon fils. Le voir s'immobiliser au bord de la bande pendant un arrêt de jeu, s'accoter avec conviction devant moi et me donner la rondelle en me disant: «Tin! Un cadeau! J'aime ça, faire plaisir à mes fans!» sous le regard amusé des autres vieux et de leurs commentaires: «Cr, il va être baveux comme toé!» écrit-il
Mai 2022. Être assis dans mon salon et mourir de stress en voyant Delphine chroniquer à Bonsoir Bonsoir! Mélange de fierté et d'angoisse. La peur de la pression, des commentaires haineux, le fait de trop connaître un milieu qui peut s'avérer sans pitié. Mais Delphine n'a que 19 ans. La jeunesse et son insouciance ne la paralysent pas comme si elle avait 48 ans! J'ai l'impression d'assister en direct à l'éclosion d'une jeune femme que je connais par coeur. Avec sa fragilité, qui la rend si attachante. Et son étonnante confiance, par exemple lorsqu'elle se déniche une agente et des contrats sans même nous consulter. Mélange de fierté et de «es-tu folle, toé?». Comme en 1995, à Drummondville, quand j'annonce à mes parents que je vais m'inscrire à l'École nationale de l'humour (ENH)
C'est le nouveau chapitre qui s'écrit chaque jour à une vitesse folle. Celui où je glisse lentement mais sûrement vers le rôle de mentor, d'assistant, d'entraîneur. Compter moins souvent et devenir un passeur. Moi qui aime bien l'ombre, ça me convient parfaitement. Car chez nous, maman, c'est la spontanéité, le fun, le charisme à l'état pur. Papa, c'est le planificateur, le technicien, mais aussi le casseux de party qui voit les nuages au loin même quand le ciel est dégagé.
Il est révolu, le temps où je donnais des ordres. Terminé, le "va dans ta chambre". Le ton et l'attitude sont bien différents. Mes enfants ont maintenant besoin d'un appui, d'une ressource pour écrire leur propre chapitre. La transmission, c'est guider sans dicter. C'est parfois aussi les regarder prendre le champ, parce que ça fait partie du processus d'apprentissage. C'est faire preuve d'humilité et accepter de faire partie du spectacle, mais dans la coulisse. Et c'est aimer. Fort. Inconditionnellement. C'est la portion qui m'angoisse le moins. »