« Suis-je la seule qui n'éprouve aucun intérêt pour les drag queens? Suis-je la seule à ne pas comprendre pourquoi les drag queens sont dans toutes les émissions? », mentionne-t-elle notamment dans son article.
Plusieurs ont été choqués par ces propos. C'est notamment le cas de Rita Baga, qui a publié un percutant message sur Facebook.
« Ce matin Sophie Durocher a publié un article dans le Journal de Montréal sous le titre ''Drag queen: bling bling, bitch et bijoux''.
Difficile de rester insensible devant ce ramassis d'inepties et de faussetés.
Vous trouvez qu'on voit trop de drags dans l'espace public et à la télé? Zappez. La télé a été, et est encore aujourd'hui, très hétéronormative et beige. Vive le changement. Vive la représentation.
Vous trouvez que les drags perpétuent une image stéréotypée des femmes(des talons hauts à paillettes, des cheveux longs et souvent blonds, des seins immenses, des ongles interminables, des jupes ultra courtes, des décolletés plongeants, du maquillage outrancier)? Sortez. Allez voir des spectacles de drags. Vous verrez que l'offre est multiple et ne se limite pas à votre description rétrograde et simpliste. La drag n'a pas de limites, les styles sont nombreux, les silhouettes variables et la joie contagieuse.
Je mentionnerai au passage la façon très peu subtile que vous utilisez pour juger les personnes qui choisissent de se vêtir de cette façon au quotidien. Quelle ironie dans un article qui essaie d'être « pro femmes ».
Autre point important: les pronoms et l'identité de genre. Sous quelle autorité doit-on décider et convenir des pronoms de chacun.e? Vous demandez pourquoi il faut dire « elle » quand on parle à une drag, quand en fait, il s'agit d'un personnage, interprété par un homme? Gros scoop ici Sophie, la définition d'une drag ne se limite plus à « un homme qui s'habille en femme ». Et les pronoms, ça ne s'assume pas. Ça se demande, et ça se respecte.
Lorsque je suis en Rita, c'est « elle ». Rita est un personnage féminin, mais elle fait aussi partie de mon identité
Pas de préférence lorsque je suis « hors drag ». Je m'identifie « genderfluid ». Je vous en parle puisque vous semblez assumer mon genre, d'emblée.
Ma collègue et amie Barbada vient de vivre un événement assez traumatisant avec l'heure du conte. Votre réaction? Publier un article sur votre non intérêt envers un sujet que vous ne maîtrisez visiblement pas -les drags- en utilisant la photo de Barbada pour votre torchon. Quel manque de considération. Ça me dégoute. Et pour répondre à votre questionnement sur la marginalisation et les drags, une petite leçon d'histoire, peut-être? Les événements du Stonewall Inn? Marsha P. Johnson? Les drags sont au coeur des luttes de l'avancement des communautés de la diversité sexuelle et de genre depuis le tout début. Et je vous inviterai aussi à vous informer sur les enjeux intersectionnels.
Je peux comprendre aussi que certaines personnes trouvent qu'il y a « trop de drags » à la télé. Je peux aussi comprendre que pour d'autres, c'est sans intérêt. Ça ne peut pas plaire à toustes.
J'explique par contre difficilement ce genre de désinformation, de campagne de salissage et de diffamation gratuite.
Pour moi, l'art de la drag représente le merveilleux, la magie. Un monde où l'on sort des conventions de genre et de celle d'une société restrictive et convenue. Du beau.
Je n'ai aucun regret d'avoir décliné votre invitation à votre podcast, à vous et à votre conjoint. J'ai pensé que nous aurions pu échanger sur cet art que vous deux avez ridiculisé à maintes reprises dans vos chroniques respectives. Mais force est de constater que vous préférez vous écoutez parler, plutôt que d'écouter, simplement. »