Un échange enflammé entre Boucar Diouf et le ministre Guilbeault à TLMEP provoque plusieurs réactions
Ce dimanche soir, un échange enflammé a éclaté entre Boucar Diouf et Steven Guilbeault à Tout le monde en parle.
En effet, M. Guilbeault, ministre fédéral de l'Environnement et du Changement climatique, était invité afin de venir discuter du rôle du Canada dans la lutte aux changements climatiques et de son apport dans la COP15 sur la biodiversité, qui débute cette semaine à Montréal.
D'entrée de jeu, Alice de Swarte, directrice de la Société pour la Nature et les Parcs - Section Québec, a questionné M. Guilbeault sur la réelle volonté du Canada à agir dans ce domaine. Voici ce qu'elle a dit, comme le rapporte Monde de Stars:
« Le défi en ce moment c'est qu'on a deux paliers de gouvernement qui sont assez ambitieux sur la scène internationale à promouvoir des cibles comme celle de 30% ou même en terme de soutien pour la question des droits humains et des peules autochtones. Après, on a plus un enjeu sur ce qu'on voit au niveau domestique dans la mise en oeuvre. »
« Ça c'est un premier enjeu, on voudrait voir des démonstrations très concrètes du sérieux des gouvernements à atteindre ces objectifs et pas seulement dire sur la scène internationale qu'ils vont le faire. Et un autre enjeu collectif que je pense que nous, la société civile, on essaie d'amener sur la place publique à cette COP, c'est les conséquences sous-jacentes du déclin de la nature. »
« On parle de nos modes de production, nos modes de consommation, nos modèles d'investissement. Ça c'est une discussion qu'il faut absolument commencer à avoir en marge des COP sur la biodiversité, en marge des COP sur le climat: on a besoin de changements de paradigmes profonds au niveau des valeurs. »
À ce moment, Patrick Huard, qui était également présent sur le plateau, a demandé à Mme de Swarte si cela signifiait qu'il faudrait passer par la décroissance, ce à quoi elle a répondu:
« On essaie de ne pas tomber dans des discours trop polarisants. Il y a des solutions, l'idée ce n'est pas de revenir à un mode de vie comme au Moyen-Âge, c'est plutôt de voir comment on peut avoir une croissance qui est compatible, qui est dans la limite de la capacité de support de nos écosystèmes. »
Le ministre est alors intervenu en disant:
« Ça dépend comment on mesure la croissance. Est-ce qu'on mesure juste la croissance en termes de dollars par année par pays? Ou est-ce qu'on peut mesurer la croissance au niveau de l'éducation, de l'égalité entre les hommes et les femmes, de la culture. Il y a de plus en plus de pays qui commencent à regarder et à se doter d'indices, et le Canada en fait partie, pour mesurer la croissance autrement que juste en termes économiques. »
Boucar Diouf, qui était resté plutôt silencieux dans cette échange, a alors lancé:
« Moi je pense que la croissance en termes économiques est importante. On l'a vu avec le début de la COVID. Quand la COVID est arrivée c'est comme si les animaux sont sortis du bois en se disant où sont passés les humains? Partout dans les villes on l'a vu. Et je pense qu'on ne peut pas parler de sauver la biodiversité - sinon ça va être comme les COPs sur le climat. On l'a vu, les COPs sur le climat la grande majorité des gens se réunissent et se fixent des objectifs, mais en réalité il ne se passe pas grand chose. »
Le ministre a alors tenté de le couper en affirmant qu'il n'était pas d'accord, mais Boucar Diouf ne s'est pas laissé marcher sur les pieds et a terminé d'expliquer son point:
« Oui, je sais que tu n'es pas d'accord, mais ce que je veux dire c'est qu'on ne peut pas parler de sauver la biodiversité sans imposer une frontière à l'espèce humaine. Ça veut dire confinement géographique, économique et démographique. Si on ne va pas là-dedans, on ne peut pas dire qu'on va sauver la nature. Edward Wilson a calculé que le rythme d'extinction des espèces aujourd'hui est de 100 à 1000 fois supérieur à la dernière grande extinction qui a emporté les dinosaures. »
Le ministre a alors répliqué:
« Si tu me permets, les gens disent que ça ne sert à rien ces conférences-là. Il y a dix ans, sur les changements climatiques, les scientifiques nous disaient qu'on se dirigeait vers un réchauffement planétaire d'au moins quatre à cinq degrés Celsius. Et là, les dernières études parlent d'un réchauffement de 1,7 à 2,4 degrés. Et là on voit tous les bouleversements qu'on a avec 1,1 degré Celsius de réchauffement. »
« 1,7 c'est déjà beaucoup, on s'est entendu à Paris qu'il fallait essayer de limiter ça à 1,5, donc 1,7 à 2,4 c'est encore trop. Mais c'est beaucoup moins que le 4 à 5 degrés où on s'en allait. Est-ce que les pays agissent juste à cause de ces conférences-là? Non. Mais est-ce que dans ces conférences-là on se challenge les uns les autres et les ONG nous critiquent? Si ce n'était que ça - et ce n'est pas que ça - je pense que c'est déjà important. »
Voici un extrait vidéo de l'échange:
Voici quelques réactions des internautes sur les réseaux sociaux, recueillies par Monde de Stars:
Source: Monde de Stars
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