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Un accusé réussit le test du polygraphe près de 30 ans après son emprisonnement

PUBLICATION
Marc-Antoine Lafleur
15 novembre 2021  (21h54)
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L'histoire de Daniel Jolivet a fait les manchettes à plusieurs occasions au cours des 30 dernières années. En effet, en avril 1994, l'homme a été déclaré coupable et condamné à la prison à vie pour un quadruple meurtre qu'il juge n'avoir jamais commis.

Malgré de multiples demandes de révision de dossier et un travail acharné de son avocate, Jolivet n'a jamais pu être entendu. Encore aujourd'hui, malgré une accumulation de données permettant de croire à son innocence, il demeure impuissant devant le système de justice.

Le test du polygraphe

Le 13 août 2020, le polygraphiste Alain Lépine pose des questions très simples et ciblées à l'accusé:

« Dans la nuit du 10 novembre 1992, as-tu tiré sur une ou les victimes de meurtres à Brossard? Réponse : "Non". »

La même question a été posée sous deux autres déclinaisons différentes, mais à chaque fois Daniel Jolivet réussit le test. Suite à cet entretien, le polygraphiste cumulant 30 ans d'expérience est sans équivoque: « Le test a été ultraconcluant, je n'ai aucun doute, il n'est pas impliqué dans ce crime-là. »

Pourtant, le Groupe de révision des condamnations criminelles continue de rejeter ses requêtes une à une. Pour que le ministre se penche sur un dossier, celui-ci doit d'abord franchir deux étapes : l'évaluation préliminaire, puis l'enquête. Sa plus récente requête datant de mai 2021, incluant les résultats du test de polygraphe, est toujours en évaluation préliminaire.

Lorsque l'enquête aura été effectuée, pour obtenir un nouveau procès, il faudra démontrer qu'une erreur judiciaire a probablement été commise.

Le contexte menant à l'accusation

Le 9 novembre 1992, pendant la nuit, un quadruple meurtre a eu lieu dans un complexe de condos à Brossard.

Les quatre victimes, deux trafiquants de drogue et leurs amies, ont été retrouvées le lendemain le corps criblé de balles. En moins d'une semaine, l'enquête policière était déjà terminée et Jolivet était arrêté et accusé. En avril 1994, l'homme est déclaré coupable et condamné à la prison à vie.

La preuve retenue reposait essentiellement sur le témoignage d'un délateur, Claude Riendeau, qui a affirmé à la police que M. Jolivet lui a avoué les meurtres dans un restaurant qui servait des petits-déjeuners.

La défense de l'accusé

Daniel Jolivet se défend depuis ce jour: « Ce petit-déjeuner n'a pas eu lieu et cette conversation non plus », martèle-t-il.

Des preuves se sont cumulées au fil du temps, permettant à Jolivet de soumettre des requêtes de révision de son dossier. Preuves tangibles non divulguées, boîtes de preuves jamais fournies par la police, alibi prouvant ce qu'il faisait le jour de sa présumée confession; malgré tous ces éléments et le travail acharné de ses avocates, le GRCC a refusé systématiquement toute demande à ce jour.

Avec la nouvelle preuve fournie par le test du polygraphe, on peut croire que les arguments sont là pour permettre un nouveau procès. Si l'innocence de l'accusé est finalement confirmée, il aura passé plus de 30 ans de sa vie en étant injustement incarcéré. Il sera intéressant de voir la conclusion de cette affaire.

Source: Radio-Canada

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